Eugène Fuchard.

Avant d'arriver à Natantis, Eugène Fluchard vivait en France. Plus précisément dans la jolie commune de Grentheville en Basse-Normandie. Fils d'un père charcutier et d'une mère fleuriste, Eugène a décidé de haïr les fleurs. Déjà parce qu'il en a toujours été allergique ainsi qu'aux poils de chat, mais également car sa mère étant trop occupé avec sa boutique de fleurs, n'a jamais vraiment pris le temps de s'occuper de lui. Toute son enfance, il en a beaucoup voulu aux fleurs et aujourd'hui encore, il entretient une relation difficile avec les plantes. En effet, il n'est pas rare de le voir se jeter à corps perdu sur un pot de bégonia pour en arracher violemment la fleur ou encore de l'apercevoir au loin menaçant un pissenlit qui a osé se mettre en travers de son chemin. Eugène a toujours beaucoup de mal à pardonner aux plantes de lui avoir voler sa mère et parle de ça avec une grande amertume encore.
En plus de cela, tous les étés en Grentheville avait lieu les Festy' Fraise, un grand festival regroupant tous les amoureux de la fraise et de son doux parfum. Sa mère étant fleuriste et amoureuse inconditionnelle du parfum si délicat des fraises l'y emmenait chaque année pour son plus grand malheur. Il décida donc qu'il allait aussi détester les fraises. Pas parce qu'elles accaparaient l'attention de sa mère mais bien parce qu'elles n'étaient pas à son goût. Comme il le disait si bien : "C'est un truc de fille les fraises !" Lui, il préférait les framboises. Mais personne ne s’intéressait aux framboises et leur goût trop acide pour la majorité de la population. Alors, pour suivre le mouvement, Eugène se mit aussi à détester les framboises.
Il n'était pas un élève spécialement bon ou spécialement mauvais à l'école. Il est vrai que ce garçon se débrouillait toujours pour se retrouver au milieu. D'ailleurs, il passera le plus clair de sa vie dans le milieu. Lorsqu'il était plus jeune, il n'était ni trop beau, ni trop laid. Ni trop petit, ni trop grand, ni trop fort, ni trop faible. Vous l'aurez compris, Eugène était un peu l'homme invisible. Celui que personne ne remarquait au premier coup d'oeil, ou celui qui se fondait toujours dans la masse. C'est ainsi que la scolarité de ce garçon se déroula et il finit par devenir postier à Grentheville.

Justement, ce poste de postier marqua un véritable tournant dans sa vie. A la base, Eugène rêvait d'être électricien mais voyant que l'école qui aurait pu lui permettre de réaliser son rêve lui refusa l'entrée, il prit le premier job qu'il vu sur un journal à la rubrique "offre d'emploie". Il devient donc postier dans son joli petit village. Eugène Fruchard fait et fera sans doute parti toute sa vie de ces personnes qui sont incapables de dire "non". Ce détail semble anodin, mais il a cependant une grande importance dans la suite de l'histoire de notre postier. En effet, un beau jour, son patron le convoqua pour lui signaler qu'il allait être muté dans un endroit méconnu. Eugène ne voulait pas être muté, il ne voulait pas quitter sa petite maisonnette avec son tapis "bienvenue", son poisson rouge Gilbert et son voisin Jacques Duchêne qui était depuis toujours son meilleur ami d'enfance. Mais comme Eugène fut incapable de dire non à son supérieur, quelques mois plus tard il débarqua à Natantis.

Le jour de son arrivée, deux hommes assez bizarres l'accueillirent. Le premier avait un nom allemand et une odeur assez spéciale et plutôt musquée se dégageait de son corps alors que le second sentait plutôt le fromage. Les deux hommes lui expliquèrent qu'ils étaient en réalité les deux maires de Natantis et qu'ils avaient fait venir un postier sans frontière ici pour servir l'île. Bien évidemment, Eugène regretta d'être venu ici et détesta son supérieur de l'avoir inscrit sans son accord aux postiers sans frontière. Dés son premier jour, on lui expliqua que l'île comptait en réalité deux mondes bien différents. C'est lorsqu'il entendit parler de vampire, loup-garou et elfes que Eugène décida de tomber dans les pommes. Après quelques jours de repos suite à cette révélation et quelques semaines de remise en question suivit de deux mois de dépression le poussant à regretter Gilbert son poisson rouge et sa collection de cure-dents suisses confisquée à l'aéroport, Eugène enfila enfin son uniforme de postier.

Si ses débuts ne furent pas glorieux, il finit par s'habituer à son métier. Cependant, son patron continue toujours de l'exploiter en le payant une misère, sa haine pour les plantes n'a pas disparue, son allergie aux poils de chat non plus et nous ne mentionneront même pas sa difficulté à rester au secret professionnel. Et bien oui, devoir livrer le courrier dans toutes l'île sans que personne ne vous remarque et découvre le passage secret, c'est une réelle épreuve.

Voici donc l'histoire du postier de l'île, un homme serviable, honnête, un poil ronchon et dépressif mais un brave homme capable de risquer sa vie pour quelques misérable pièces d'or.